Le FC Sion remporte le seul doublé de son histoire

Le match nul de la 35e journée de Neuchâtel Xamax contre le Lausanne-Sports (le 1-1 de Stefan Rehn est tombé à la 90e minute!) mettait le FC Sion, vainqueur dans le même temps de GC 2-1 à Zurich grâce aux deux buts de Sébastien Zambaz, dans la meilleure position possible avant le dernier match de la saison. Un nul contre le LS au Stade de Tourbillon suffisait aux Valaisans pour remporter le 2e titre de champion de l'histoire du club. En cas de défaite et de victoire simultanée de Xamax, le titre reviendrait aux Neuchâtelois, vainqueurs souverains du tour de qualification.
 
Pendant 70 minutes, le FC Sion, qui jouait contre Lausanne devant un nombre record de 19’500 spectateurs, semblait inférieur et bizarrement en manque de confiance. Le titre si proche et les spectateurs qui attendaient un succès ont longtemps eu un effet paralysant sur la performance des joueurs valaisans. À plusieurs reprises, les Vaudois passaient tout proche d'inscrire le premier but qui aurait pu signifier la fin des rêves valaisans. En guise de pression supplémentaire, le totomat affichait le 1-0 de Xamax face au FC St-Gall dès la 58ème minute. C’était sans compter sur Ahmed Ouattara qui rassurait tout le peuple valaisan grâce à sa tête victorieuse à la 73e minute. À la suite d’un centre de Zambaz, l'avant-centre ivoirien faisait de ses rêves de titre une certitude - et de lui-même le héros symbolique. Le 2e titre de champion de l'histoire du clubs après 1992 devenait officiel.
 
Éloges et critiques pour le président Constantin
Quelques jours plus tard, le FC Sion fêtait sa 9e victoire en Coupe et remportait le doublé pour la première fois dans l'histoire du club. Le cœur du football suisse battait en Valais. Après un départ poussif par rapport à Xamax et GC, le FC Sion fut loué pour son succès, mais a également reçu beaucoup de critiques pour sa politique personnelle.
 
Un président célébrait son premier titre de champion, dont la gestion n'est pas encore exempte de conflits aujourd'hui: Christian Constantin. Déjà à l'époque, l'architecte investissait beaucoup d'argent pour la largeur de l’effectif et dans les salaires. Cette façon de faire causait également des problèmes: aucun autre club n'a procédé à un tel changement de personnel avant la saison comme le FC Sion et aucun autre club n'a suivi le même chemin en hiver - avec 7 nouveaux joueurs. Des footballeurs comme Otto Vincze, Darko Pancev, Jo Yenay et Ilija Najdovski, qui n'étaient arrivés qu'en début de saison, quittaient déjà l'équipe; même Philippe Vercruysse, le joueur le plus régulier de la campagne de qualification, partait pendant la pause hivernale. Et quelqu'un comme le Britannique Mark Bright, arrivé en hiver, s'en allait avant même d'avoir disputé le moindre match.
 
Mais Constantin dénichait de nouveaux leaders: le Français Frédéric Meyrieu, qui a succédé à Vercruysse, a démontré les qualités d’un formidable numéro 10, le Serbe Vladan Lukic n’était autre que le meilleur buteur du championnat avec 15 goals, et le Brésilien Veiga se révélait être un soutien important au milieu de terrain lors des dernières journées. En 1996/97, Raphael Wicky (dont le départ au Werder Brême était déjà acté pour la fin de la saison), fut le joueur le plus utilisé (34 matches) devant Alain Gaspoz et le gardien Stephan Lehmann (32 chacun), ainsi que Luiz Milton et Sébastien Zambaz (30 chacun). D'autres internationaux suisses d'alors ou de demain, comme Yvan Quentin, Johann Lonfat, Frédéric Chassot, Patrick Sylvestre, Patrick Bühlmann (seulement lors du tour de qualification) ou Christophe Bonvin, qui a terminé sa carrière avec le doublé, faisaient également partie de la (trop) grande équipe du FC Sion.
 
Bigon est venu, a vu et a gagné
À cette époque déjà, le FC Sion faisait beaucoup de bruit. L'identification du public valaisan avec son équipe était parfois difficile. Pendant longtemps, il semblait que le FC Sion allait échouer à nouveau, malgré tous les efforts déployés. L'écart avec Xamax à la pause hivernale était déjà de 7 points et les Valaisans étaient heureux que les points furent réduits de moitié avant les 14 dernières journées, d'après le mode de l'époque. Lorsque Sion perdait encore 2-0 lors de son premier match après les transferts hivernaux à Lausanne, il semblait que le train du haut de classement avec Xamax et GC était parti sans eux.
 
Mais les champions en titre zurichois et les vainqueurs des qualifications neuchâtelois trébuchaient lors de la deuxième phase. Et avec 9 victoires, 3 nuls et seulement 1 défaite, les Valaisans remportaient le titre - même s'ils remportaient au total un point de moins que Xamax (67 contre 68).
 
Le FC Sion est devenu champion en grande partie grâce un changement en début de saison particulièrement judicieux: après 6 tours, le président Constantin a remplacé l'entraîneur Michel Decastel - pourtant coach à succès mais qui n'avait pas réussi à former un groupe homogène - par le vétéran Alberto Bigon. L'Italien, qui fut l'entraîneur champion avec Naples en 1990 avec le joueur vedette Diego Maradona, s'était habitué à beaucoup de choses et avait réussi à donner une nouvelle forme à l'équipe malgré tous les changements de personnel - pas moins de 34 joueurs étaient utilisés. Il enseignait à l'équipe la discipline italienne classique et une victoire 1-0 était plus importante pour lui que le spectacle - pas moins de 7 matches du tour final furent remportés par le FC Sion avec la plus petite différence de but possible (5 x 1-0, 2 x 2-1).
 
Une relégation en LNB et de nombreuses déceptions
Le début de la saison 1997/98 ne se déroulait comme prévu et trois mois seulement après avoir remporté le doublé, Alberto Bigon n'était (déjà) plus l'entraîneur du FC Sion. À la fin de l'année, le président Christian Constantin annonçait également sa démission. Et sur le plan sportif, le déclin commençait. Après avoir terminé 5e lors de la saison 1997/98, les Valaisans manquaient le tour final un an plus tard et, après un tour de promotion/relégation décevant et une défaite 2-1 lors de leur dernier match de la saison contre Etoile Carouge, le FC Sion terminait à 1 point du FC Aarau et fut ainsi relégué en 2ème division.
 
D'autres années mouvementées ont suivi, avec des refus de licence et des déceptions sportives en championnat. Le FC Sion a quand même pu fêter plusieurs succès prestigieux en Coupe (2006, 2009, 2011 et 2015). Cependant, les Valaisans n'ont plus remporté le titre de champion dans l’élite depuis ce fameux doublé de 1997.